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Libération

L'or noir, un espoir pour la mer d'Aral

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Des gisements de gaz, et peut-être de pétrole, pourraient relancer la région sinistrée.
par Marc WOLFENSBERGER
publié le 19 juillet 2000 à 2h23

Karakalpakie envoyé spécial

Devant le container défoncé qui lui sert de dortoir, Ousmanjon, plonge ses yeux dans une mer morte depuis longtemps. Il aspire quelques grandes bouffées d'air brûlant, puis rejoint ses hommes d'un pas lent, au pied d'une plate-forme de forage posée sur le sable. «Le climat est redoutable depuis que la mer d'Aral s'est retirée mais Dieu nous a repris la mer pour nous faire découvrir d'autres richesses...», lance l'ouvrier ouzbek. Ces richesses, il en est convaincu, reposent au fond de son puits: du gaz, en grande quantité, et peut-être même un début d'eldorado pétrolier. «De toute ma vie, je n'ai vu pareils résultats!», hurle-t-il, pour couvrir le bruit assourdissant de la génératrice. «A la profondeur actuelle [3200 mètres], nous avons identifié de vastes gisements gaziers. Quant au pétrole, on s'en approche. Les études sismiques indiquent d'importantes réserves entre 4000 et 6200 mètres.»

Cent cinquante kilomètres plus à l'ouest, toujours dans la partie asséchée de la mer d'Aral, quarante travailleurs sont déjà passés à l'étape supérieure. Le T-shirt roulé sur la tête, ils exploitent un filon gazier du nom d'Ourga, découvert il y a peu. Le gisement crache un bon milliard et demi de mètres cubes de gaz par an, qui rejoint le gazoduc Boukhara-Oural avant de se perdre dans le mécanisme complexe des pipelines russes.

La mer d'Aral ressuscitée? Le mot est fort, vu la modestie des réserves trouvées à ce jour. Mais si les espoirs en matière d'hydrocarbures