Six télés, la presse écrite: le cabinet des avocats Appiani et Olivera est presque trop exigu, ce 18 juillet à Buenos Aires. Appiani, entouré de parents éplorés, se hausse un peu du col: «La Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg a jugé notre requête recevable et a débouté les juristes britanniques.» La veille, l'agence Reuters a titré une dépêche: «Margaret Thatcher bientôt jugée pour crimes de guerre?» L'Argentine se reprend à rêver d'un procès de la Dame de fer dans l'affaire du croiseur Belgrano, épisode le plus tragique de la guerre des Malouines (voir encadré). Las, la Cour a jugé hier la requête irrecevable.
Succès médiatique. Le 4 juillet, Jorge Humberto Appiani et José Antonio Olivera, viennent déposer à la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg une requête pour «crimes de guerre» contre Thatcher. Juridiquement, cette requête ne tient pas vraiment la route, mais les avocats se taillent un petit succès médiatique: ne disent-ils pas représenter les familles de tous ces conscrits des Malouines, ultimes victimes de l'incurie de la junte, rejetés dans l'oubli pour cause de défaite honteuse et dont les suicides se multiplient? «Ces avocats ne représentent que deux familles et leurs objectifs coïncident avec ceux des forces armées, pas avec les nôtres. Et ils sont aussi les avocats d'ex-tortionnaires», s'emporte Cesar Trejo, membre de la Commission des familles des combattants morts aux Malouines, association qui se bat elle aussi depuis des années