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Libération

Kisangani, ville martyre de l'occupation étrangère.

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Les combats entre les armées rwandaise et ougandaise ont ravagé la troisième ville du Congo.
par Marie-Laure COLSON et Michael ZUMSTEIN
publié le 21 juillet 2000 à 2h26

Depuis un mois, la vie a repris à Kisangani, troisième ville de la République démocratique du Congo. Les vélos ont remplacé les camions des fossoyeurs, les familles réparent tant bien que mal les maisons bombardées, pillées. Les derniers combats qui ont opposé Ougandais et Rwandais ont fait 700 morts parmi les civils, et autant de blessés. En deux ans de rébellion, c'est la troisième fois que les anciens alliés, tous deux hostiles au pouvoir du président Laurent-Désiré Kabila, s'affrontent. On ne le dira jamais assez, c'est une guerre terrible qui s'est installée ici, le long du fleuve Congo. Le mépris des armées étrangères qui disent soutenir les mouvements en rébellion contre Kinshasa n'a d'égal que leur convoitise pour le diamant, le bétail, le moindre bien susceptible d'être monnayé sur cet axe stratégique qui mène à la capitale, Kinshasa, à 1 300 km de là. Au nord de la rivière Tshopo, qui faisait office de ligne de front, les soldats se sont installés dans les cours des maisons, transformant la ville en champ de bataille.

Le déclenchement soudain des hostilités a surpris la population. Au matin du 10 juin, sur la route de l'aéroport, une voiture militaire ougandaise est incendiée: provocation rwandaise ou manipulation ougandaise? Lorsque les observateurs de la Minuc (Mission des Nations unies pour le Congo) arrivent sur place, les batteries ougandaises sont déjà prêtes à pilonner les positions ennemies. Six jours d'un déluge d'obus et de tirs à l'arme légère. Kisangani