Bangkok de notre correspondant
Quand il a été élu il y a neuf mois à la tête du pays, le président Abdurrahman Wahid apparaissait comme le symbole d'une Indonésie nouvelle où le «KKN» (corruption, collusion, népotisme), tares de l'ancien régime, n'auraient plus droit de cité. Depuis, Wahid est lui-même devenu une victime du syndrome KKN. Du moins si l'on s'en tient aux critiques qui fusent de toutes parts contre la «conduite désordonnée» et les «propos provocateurs» de ce leader musulman modéré qui mélange, avec un bonheur inégal, bons mots et manoeuvres politiciennes. Sommé de s'expliquer sur le limogeage brutal de deux de ses ministres économiques, Wahid a fait répondre, le 20 juillet, par son secrétaire sous les huées et les sifflets des députés qu'il n'était pas constitutionnellement responsable devant le Parlement.
Dans le même temps, les troubles continuent dans les régions périphériques. L'archipel des Moluques sombre dans un tourbillon de violences interreligieuses qui s'étend à l'archipel voisin des Célèbes. Malgré un cessez-le-feu signé en mai dernier, les affrontements entre militaires et séparatistes restent une réalité quotidienne dans la province fortement musulmane d'Aceh, dans le nord de l'île de Sumatra. A Djakarta, les politiciens échangent invectives et accusations dans une ambiance qui n'est pas sans rappeler l'atmosphère délétère de la fin des années 50 qui avait amené le président Sukarno à imposer un régime autocratique dominé par les militaires.
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