Londres de notre correspondant
Les écriteaux qui pendouillent au-dessus des rayons de fruits et légumes n'affichent pas seulement des prix déclarés «imbattables», ils proclament la grandeur de l'once, de la pinte et du pouce sur un système métrique déshumanisé et incompréhensible. En janvier, Tesco, l'une des plus grandes chaînes de supermarchés de Grande-Bretagne, avait uniformisé son étiquetage avec celui du continent conformément aux directives européennes. Depuis une semaine, ses dirigeants ont décidé de défier la loi et de remettre à l'honneur les vieilles unités anglaises.
«Diktat bruxellois». Impossible de manquer la grande surface de Hammersmith, à l'ouest de Londres, vaste bâtisse en briques rouges transformée en garde-manger. Alignés en rangs serrés près de l'entrée, des panneaux d'un jaune criard assomment le client de données chiffrées. Ici, les articles en promo ne se comptent pas en kilos mais en livres. Le poids universel n'a pas totalement disparu des étals. Il figure en tout petit sur les étiquettes et sert de base de calcul aux caisses enregistreuses. Cela permet au distributeur d'affirmer qu'il respecte la législation en vigueur. Au moins, le «diktat bruxellois» ne s'offre plus outrageusement au regard.
Tesco se défend de mener une croisade antieuropéenne ou un combat d'arrière-garde. «Notre unique souci, c'est le bien-être du consommateur, insiste son porte-parole Russel Craig. Nous nous sommes aperçus que 90 % de notre clientèle pense toujours en mesures im