Le noyau initial des otages de Jolo (sud des Philippines) enlevés le 23 avril a entamé hier son quatrième mois de captivité. Les rumeurs les plus contradictoires se multiplient quant à d'éventuelles libérations mais il est de plus en plus probable que la prise d'otages s'éternise. Les rebelles musulmans du groupe Abu Sayyaf ont en effet les moyens de tenir, grâce aux rançons versées lors des dix libérations intervenues à ce jour. Ils ont également considérablement renforcé leur stock d'armes et de vivres. Ils ont aussi enlevé hier deux nouveaux otages alors que le pouvoir de Manille traverse une tourmente politique.
«Même s'ils libèrent des otages, ce sera sur la base d'un par un ou par tout petit groupe, souligne une source proche des négociateurs. Ils savent maintenant qu'aussi longtemps qu'ils détiendront des otages on ne pourra rien leur faire.»
C'est sans doute pour cela que le groupe Abu Sayyaf a renouvelé hier son «stock» de prisonniers en enlevant deux journalistes philippins de la chaîne de télévision ABS-CBN, tout en promettant de relâcher dans la soirée trois Malaisiens. Pour jouer à ce petit jeu, les rebelles se sentent en position de force. Selon des sources au sein des forces de sécurité, les rebelles auraient récolté environ quatre millions de dollars pour dix libérations. Pour se procurer des armes, les rebelles n'ont eu qu'à puiser dans le vaste marché noir de Jolo, où, selon la police, deux millions d'armes non répertoriées seraient en circulation. Les achats