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Libération

Pédophilie: l'appel au lynchage entendu.

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publié le 26 juillet 2000 à 2h34

Londres de notre correspondant

Ian Armstrong a échappé de peu au lynchage. Dimanche, trois cents citoyens en colère ont fait le siège de son pavillon de la banlieue de Manchester. «Pervers!», «Violeur!», «Pédophile!» lui criait la foule. Une pierre a atterri dans la maison de son ex-femme, attenante à la sienne. Ses trois enfants ont été insultés. Lundi, des groupes d'adolescents campaient devant chez lui. De temps en temps, ils poussaient l'un des leurs vers sa fenêtre en lui lançant: «Et celui-là, il te plaît?» Cet homme de 49 ans n'ose plus sortir dans la rue. Son logement est relié au commissariat le plus proche par une alarme. Il a même envisagé de quitter la ville. Mais sa fuite aurait été interprétée comme un aveu. Il n'a jamais fait l'objet de la moindre plainte. Son seul crime est de porter la même minerve et d'avoir à peu près la même silhouette qu'un des pédophiles jetés dimanche en pâture à ses lecteurs par l'hebdomadaire populaire News of the World.

Sous le titre choc «Un monstre vit-il près de chez vous?», le tabloïd publie dans sa dernière fournée le nom, la photographie et le lieu de résidence de quarante-neuf hommes reconnus coupables d'agressions sexuelles sur des enfants. La double page est dédiée à Sarah Payne, 8 ans, retrouvée assassinée le 17 juillet dans le Sussex après deux semaines de recherches. Des milliers de personnes ont assisté à son enterrement. De partout, des gerbes de fleurs et des messages d'affection continuent d'affluer. La Grande-Bretagne