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Libération

La France traque les essais interdits

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Elle est au coeur du réseau mondial qui guette les explosions nucléaires illicites.
publié le 29 juillet 2000 à 2h38

Tahiti envoyé spécial

Sur les hauteurs de Papeete, l'océan Pacifique est trop loin pour que l'on entende le bruit des vagues. Pourtant, au milieu de la végétation tropicale, une poignée de scientifiques parvient à entendre des explosions au large des côtes de Californie. A plus de 5 000 kilomètres. «Nous enregistrons les tirs de grenades anti-sous-marine de l'US Navy», indique Jean-François Sornein, responsable de la surveillance de l'environnement au CEA, le Commissariat à l'énergie atomique français.

En Polynésie française, les hommes du nucléaire se sont reconvertis. Depuis la fin des essais en 1996 et le démantèlement du centre de Moruroa (Libération du 23 juin), ils surveillent la planète pour savoir si quelqu'un n'aurait pas la mauvaise idée de procéder à son tour à des essais nucléaires. «Le 11 mai 1998, on a mis quelques heures pour localiser et identifier l'essai indien», explique un technicien du laboratoire de Pamataï, à Tahiti. Les installations de Polynésie sont connectées à un réseau mondial, qui dépend de l'Otice, l'Organisation du traité d'interdiction complète des essais basée à Vienne(Autriche).

«Pas d'essais en douce». Ce traité ­ plus connu sous ses initiales anglaises de CTBT ­ a été conclu en septembre 1996 et ratifié deux ans plus tard par la France. En octobre 1999, le Sénat américain lui a porté un rude coup en refusant de le ratifier. Pas encore officiellement en vigueur, le CTBT vise à interdire définitivement les essais nucléaires pour éviter la prol