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Libération

L'embargo profite à Saddam

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La dictature prospère tandis que l'Irak sombre.
publié le 2 août 2000 à 3h08

Des autistes affrontant des autistes. Voilà à quoi ressemble la situation de l'Irak aujourd'hui. D'un côté, un régime totalement isolé, séparé de la communauté internationale, sourd à ses recommandations, coupé aussi d'un peuple auquel il répète, chaque jour depuis dix ans, qu'il a gagné la guerre du Golfe et vaincu les trente Etats qui participaient à la coalition alliée. De l'autre, les Etats-Unis, raidis dans la même attitude depuis 1990, qui soutiennent avec des millions de dollars (97 millions ont été votés à cette fin par le Congrès) le fantôme d'une opposition invisible, bombardent au quotidien l'Irak sans autorisation du Conseil de sécurité et qui le font, pour reprendre l'expression d'un diplomate occidental, «sans même savoir pourquoi».

Contrebande et mégalomanie. Autistes contre autistes, donc. Avec, pour conséquence, un formidable gâchis, celui d'un pays saigné par un embargo interminable. Car, comme le soulignait, en avril 1999, le dernier rapport des Nations unies sur la situation humanitaire, l'Irak est «passé d'une relative prospérité à une pauvreté massive» depuis l'imposition des sanctions de l'ONU.

Pourtant, l'argent ne manque pas à Bagdad. L'argent vient de la contrebande du pétrole. L'Irak s'y livre avec l'Iran, la Syrie, la Jordanie... «Tout le monde contourne l'embargo. Tout le monde trafique», souligne un diplomate. Les recettes sont loin d'atteindre celles dont bénéficiaient l'Irak avant la guerre du Golfe mais elles restent considérables et profitent