Santiago du Chili de notre correspondant
Installé au Chili depuis une dizaine d'années, Sebastian Brett travaille comme enquêteur pour l'organisation américaine de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW). Interrogé quelques heures avant la décision de la Cour suprême, il revient sur l'impact de l'affaire Pinochet sur la société chilienne.
Que signifie pour vous la levée de l'immunité parlementaire d'Augusto Pinochet?
Cette décision mettrait en évidence les profonds changements que le Chili a connus depuis l'arrestation de Pinochet à Londres. Sa détention avait déjà permis de remettre sur la table la question des droits de l'Homme. Celle-ci avait été reléguée au second plan à partir de 1992, en même temps que le discours officiel se concentrait sur les bons résultats économiques du pays. La levée de l'immunité de Pinochet constituerait une reconnaissance de la lutte pour les droits de l'Homme au Chili, de la ténacité et de la conviction dont les associations de défense des victimes ont fait preuve depuis plus de vingt-cinq ans.
La justice chilienne a-t-elle changé au cours de ces vingt derniers mois?
Ce qui a changé, c'est l'état d'impunité qui régnait au Chili. L'arrestation de Pinochet a rendu nécessaire un meilleur fonctionnement de la justice. Car le gouvernement chilien, pour convaincre les Britanniques de libérer Pinochet, devait donner l'image d'un pouvoir judiciaire capable de remplir sa mission. Ce message a été transmis aux juges et ses effets s'en font se