Djakarta envoyé spécial
L'ouverture d'un procès de l'ex-président indonésien paraît imminente. Hier, celui qui a régné pendant trente-deux ans sur l'archipel a été inculpé par les autorités judiciaires de Djakarta pour avoir détourné 157 millions de dollars (un peu plus de 1 milliard de francs) de sept fondations de charité qu'il dirigeait. L'inculpation est certes symbolique au regard des sommes plus énormes encore amassées par l'ex-dictateur. Le général Suharto et ses six enfant sont en effet soupçonnés d'avoir accumulé illégalement une fortune évaluée entre 15 et 45 milliards de dollars (318 milliards de francs). Mais elle devrait permettre la comparution dans le box des accusés de l'homme qui incarne pour beaucoup d'Indonésiens les pratiques corrompues et népotiques de l'ancien régime. Une image forte dont le président Abdurrahman Wahid a aujourd'hui grandement besoin.
Calmer les adversaires. L'inculpation intervient en effet quatre jours avant l'ouverture d'une session de l'Assemblée consultative populaire, au cours de laquelle Wahid doit exposer le bilan des neuf premiers mois de son mandat quinquennal. Accueilli comme un sauveur lors de son élection en octobre, Wahid a depuis perdu beaucoup de son crédit. Son style désinvolte, sa conduite désordonnée n'amusent plus, mais agacent. L'incapacité des autorités à mettre un terme aux affrontements entre chrétiens et musulmans aux Moluques (plus de 4 000 morts en dix-huit mois), la hausse de la criminalité, la constitution de