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Libération

Poussée xénophobe en Allemagne

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Les actes racistes se multiplient, mais en parler n'est plus tabou.
publié le 4 août 2000 à 3h11

Berlin intérim

Cela s'est passé il y a une semaine dans un train, entre Leipzig et Torgau. Dans la nuit de jeudi, cinq jeunes Allemands ont agressé un Indien. Ils l'ont insulté puis frappé à la tête. Comme samedi dernier, à Eisenach, où une vingtaine de néonazis ont pourchassé et passé à tabac deux demandeurs d'asile originaires du Togo et du Soudan. Il y a un mois, un Mozambicain avait été battu à mort à Dessau... En Allemagne, les attaques racistes ou motivées par des idées d'extrême droite semblent aujourd'hui d'une effrayante banalité. Arrêtés il y a quelques jours après avoir tabassé à mort un sans-abri, allemand, sur une île de la Baltique, trois adolescents de 15 à 19 ans, sûrs de la justesse de leur cause, ont eu ces mots révélateurs: «C'était un vagabond, un asocial. Dommage qu'on n'ait pas eu les bonnes chaussures, on aurait fini le boulot plus vite.»

Les autorités estiment à 30 le nombre de personnes tuées dans les quelque 12 000 attaques «ayant des motifs extrémistes avérés ou supposés» depuis l'unification, en 1990. D'autres experts, tel Bernd Wagner, militant de la fondation Antonio Amado, un groupe de «résistance au fascisme», évaluent le nombre de ces victimes à 136, soit plus d'une par mois. La police, qui fournit les chiffres, est parfois complaisante, voire plus. La semaine dernière, l'un de ses officiers a été arrêté pour avoir proféré des menaces de «terreur extrémiste» au commissariat de Potsdam. Chez lui, on a retrouvé des emblèmes nazis et des armes.

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