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Libération

Moluques: «Nous, chrétiens, sommes obligés de nous défendre»

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Des militaires indonésiens accusés d'entraîner des milices islamistes.
publié le 5 août 2000 à 3h13

Depuis dix-neuf mois, le petit archipel des Moluques est à feu et à sang. La guerre civile qui oppose chrétiens et musulmans a provoqué l'exode de 500 000 personnes sur les 3 millions qui habitent ces légendaires «îles aux épices», renommées il y a quelques années encore pour être un havre de paix. Le nombre de victimes, communément évalué à 4 000 de part et d'autre, «dépasse les 10 000 morts», assure Jacky Manuputty, un pasteur protestant basé à Amboine, la capitale des Moluques.

De passage à Paris jeudi dernier, celui-ci fait partie d'une délégation de six personnes, composée d'universitaires musulmans, de l'évêque catholique des Moluques et du doyen de l'université de Java. Celle-ci est allée plaider, devant l'ONU à Genève, puis à Bruxelles auprès de la présidente du Parlement européen, Nicole Fontaine, et enfin auprès des parlementaires britanniques, pour l'intervention d'une force internationale installant dans un premier temps des «zones de droit sous protection» et des «couloirs humanitaires». L'ONU n'a pas été au-delà de l'ouverture (mardi dernier) de deux «antennes humanitaires». Djakarta est en effet opposé à l'envoi d'une force internationale.

«Les populations des deux bords vivent dans la terreur. En ce moment même, 11 000 à 15 000 chrétiens sont réfugiés sur les îles de Seram et Buru, à la merci d'assaillants musulmans cherchant à les massacrer. Les cadavres de femmes et d'enfants morts de faim ne sont même pas enterrés. Ils n'ont ni médicaments ni nourriture. L'a