Buenos Aires correspondance
En programmant des vacances en Italie et en famille pour ses noces d'argent, l'officier en retraite Jorge Antonio Olivera avait oublié un détail: son nom figurait sur la liste, dressée par le juge Le Loire, des 140 tortionnaires argentins impliqués dans les disparitions de 15 citoyens français sous la dictature argentine (1976-1983). Intercepté dimanche soir, à l'aéroport de Rome, ce militaire reconverti dans le barreau est actuellement à la prison de Regina Coeli, en attente de son extradition vers la France. Début juillet, il était à Strasbourg pour présenter, devant la Cour européenne de justice, une plainte contre Margaret Thatcher pour crimes de guerre pendant le conflit des Malouines (voir Libération du 20 juillet), finalement jugée irrecevable.
Militants des Montoneros. Jorge Antonio Olivera, qui fête aujourd'hui ses 50 ans, est poursuivi pour avoir séquestré et torturé, au début de la dictature, Marie-Anne Erizé, 24 ans à l'époque des faits, et depuis disparue. Le rapt s'est déroulé dans la ville de San Juan (à 1 000 km de Buenos Aires) où la jeune femme s'était réfugiée après l'enlèvement de son compagnon, Daniel Rabanal, militant des Montoneros, comme elle (péronistes de gauche). «Elle avait été modèle pour des revues de mode. Mais quand je l'ai rencontrée, elle faisait de l'alphabétisation dans un bidonville où elle avait un formidable contact avec les gens. Plus tard, nous avons quitté Buenos Aires pour vivre et militer en milieu rural»,