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Libération

«Une ouverture de l'esprit américain»

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publié le 10 août 2000 à 3h19

Los Angeles correspondance

«First Jew On a Major U.S. Ticket»: «Premier juif candidat au sommet», a titré mardi le New York Times, sur quatre colonnes à la une, pour annoncer le choix de Joseph Lieberman à la vice-présidence démocrate. L'événement historique aurait dû réjouir les juifs américains si prompts à vanter leur parfaite intégration dans ce pays. Au contraire. A Los Angeles, l'une des plus grandes villes juives au monde (après New York, Tel-Aviv et Jérusalem), la nouvelle a déchaîné un flot de coups de téléphone inquiets et de débats sur Internet sur le thème: «Ce n'est pas bon pour nous.»

Et même à Hollywood, symbole de la réussite des juifs immigrés en Amérique, on était surpris d'entendre agents, avocats et patrons de studios parler soudain de «retour de l'antisémitisme» ou expliquer qu'«avec un juif pour vice-président, Al Gore n'a aucune chance d'être élu». Des inquiétudes que n'osaient pas exprimer les représentants officiels des organisations juives.

Pourtant, les derniers sondages des instituts politiques montrent qu'aujourd'hui plus de 90 % des Américains n'auraient pas de problème à voter pour un président juif. Le choix de ce vice-président a d'ailleurs fait bondir la côte d'Al Gore. Un sondage CNN/USA Today/Gallup, réalisé lundi soir, ne donnait plus à George W. Bush qu'une courte avance de deux points dans les intentions de vote (45 % contre 43 % à Al Gore), alors qu'une précédente enquête, effectuée les 4 et 5 août pour les mêmes médias, donnait 54 % des