Pendant huit mois, depuis son coup d'Etat du 24 décembre, le général Robert Gueï a répété qu'il ne se connaîtrait pas d'ambition politique personnelle tant qu'il n'aura pas «avalé le premier morceau», la remise en ordre de la Côte-d'Ivoire. L'ancienne vitrine de la France en Afrique est aujourd'hui plus proche que jamais de la guerre civile. Mais le général-président s'est découvert de l'appétit en mangeant. Car, non seulement se porte-t-il candidat à la présidentielle du 17 septembre, qui doit consacrer le retour à un régime civil, mais, qui plus est, il veut revêtir les couleurs du parti de Henri Konan Bédié, l'homme qu'il a renversé à la faveur du putsch de Noël.
Cocasse. Demain, le Parti démocratique de Côte-d'Ivoire (PDCI) se réunit en congrès pour désigner son candidat. S'il hisse sur son pavois le chef de la junte, l'OPA lancée par celui-ci sur le parti ayant gouverné le pays le plus prospère de l'Afrique de l'Ouest depuis l'indépendance fournira un exemple caricatural de la «politique du ventre» sur le continent: pour la première fois, un militaire putschiste sera légitimé par le parti du président civil qu'il a chassé du pouvoir par la force des armes.
L'annonce de la candidature du général Gueï illustre, de façon cocasse, le retournement de situation. En effet, ce n'est pas le chef de la junte lui-même qui s'est déclaré candidat, mais le secrétaire général du PDCI, Laurent Dona Fologo, qui a révélé mercredi soir que le général Gueï briguait l'investiture du parti pou