Beyrouth de notre correspondante
Amine Gemayel a dû mettre de l'eau dans son vin. C'est le prix de la «réconciliation» avec le Liban soumis à la «pax syriana». Hier encore figure de l'opposition chrétienne antisyrienne, il n'est plus désormais «ni opposant ni loyaliste». Depuis son retour, le 30 juillet, après douze ans d'un exil forcé en France, l'ancien président libanais (1982-1988) ne revendique plus le retrait des quelque 35 000 soldats que Damas stationne au Liban ni ne dénonce sa mainmise sur le pays. Il s'en tient à un «combat pour un Liban libre, indépendant, souverain». Il faut bien «tenir compte de la conjoncture», a-t-il déclaré à Libération. «Mais ce retrait, je le réclamerai à nouveau, ouvertement. Le président Lahoud a dit lui-même que la présence militaire syrienne était temporaire.» Présence ou occupation? Il préfère ne pas répondre. C'est «la fin de l'exil en échange du silence», estime Nawaf Salam, l'un des politologues les plus réputés du pays.
Une vie menacée. Damas, «le deus ex machina qui décide des grandes et des petites choses au Liban», selon ses propres mots, interdisait jusqu'ici son retour d'un exil auquel il est contraint en 1988 par la milice chrétienne des Forces libanaises, qui le menace de mort. Venu en 1992 imposer le boycott des législatives au Parti phalangiste (droite chrétienne radicale), fondé par son père Pierre, Gemayel doit quitter précipitamment le Liban. «Ma vie était mise à prix par mes adversaires: Damas et Beyrouth.» Aussi était-