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Libération
Interview

«On exagère la puissance de l'ETA» .

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publié le 11 août 2000 à 3h21

Javier Tussel, éditorialiste à El Pais et professeur d'histoire contemporaine à l'Ined (Institut national d'enseignement à distance), à Madrid, commente la recrudescence des attentats de l'ETA.

Comment expliquez-vous cette offensive de l'ETA, la plus violente de la décennie?

Beaucoup y voient une forme de désespoir, une sorte de chant du cygne. Je ne le pense pas. Depuis le début de l'histoire de l'ETA, tous ses actes répondent à une logique. Si l'on s'en tient à leur façon très particulière de penser, il s'agit de faire monter une pression maximale sur la société espagnole afin d'obliger Madrid à négocier et faire des concessions politiques. De mon point de vue, la terreur qu'ils sont en train de répandre est contre-productive. Jusqu'alors, à chaque attentat, le chef du gouvernement José Maria Aznar avait beau jeu d'accuser le PNV (ndlr : nationaliste modéré, au pouvoir régional) de se faire le complice de l'ETA, puisqu'il maintient une alliance parlementaire avec Euskal Herritarrok, sa vitrine parlementaire. Désormais, ce n'est plus le cas : le PNV condamne l'ETA de plus en plus durement. Tout ceci pourrait conduire à la reconstruction d'une alliance démocratique incluant le PNV, ce qui isolerait grandement l'ETA et la mettrait dans une situation difficile.

Est-il vrai que, comme beaucoup le soutiennent, l'ETA n'a jamais été aussi forte?

J'en doute. La trêve de 14 mois leur a été très profitable pour se réarmer et reconstituer leur appareil, leurs réseaux et leurs commandos. E