Berlin intérim
«Ici, les juifs ont peur du chômage et de l'avenir, mais pas des bombes», lance Maya. Arrivée d'Ukraine en 1 992, elle a vécu deux ans des aides de la Jüdische Gemeinde («Communauté juive») de la ville de Chemnitz, ancienne Karl-Marx-Stadt, avant de trouver un petit boulot de femme de ménage dans un supermarché. Elle bafouillait l'allemand. Cela l'a aidé. L'attentat de Düsseldorf où, le 27 juillet, l'explosion non revendiquée d'une bombe artisanale a blessé 10 étrangers, dont 7 d'origine juive n'est pour elle qu'un malheureux «hasard»: «Quand nous marchons dans la rue, on peut nous prendre pour des Allemands. Quand nous parlons à haute voix, nous sommes éventuellement des Russes. Mais nous n'avons pas "juif" écrit sur le front.» Quelque 55 000 juifs ont immigré en Allemagne depuis la chute du Mur, venant pour la plupart des Républiques ex-soviétiques. Ils ont redonné du sang neuf à une communauté réduite à 30 000 personnes depuis la Shoah. Dans l'ex-RDA, l'immense majorité des juifs est constituée de nouveaux immigrants attirés par l'illusion de l'opulence et la peur d'un avenir obscur à Kiev, à Minsk, à Moscou ou à Riga. Aujourd'hui, en dépit du «bienvenue» lancée aux juifs par Helmut Kohl en 1 991, leur futur n'est pas plus clair. Ils arrivent en famille, très peu trouvent du travail, et leurs appartements sont à peine plus décents que ceux qu'ils ont quittés. Exclus, malgré les facilités qui leur sont accordées en matière de permis de séjour et de travai