Legazpi envoyé spécial
C'est une bourgade tranquille au fond d'une vallée verdoyante. Une de ces localités si typiques du Pays basque, dominée par la sidérurgie et la difficile reconversion industrielle qui s'est ensuivie. A mi-chemin entre Saint-Sébastien, le grand port, et Vitoria, la capitale régionale basque, Legazpi n'a jamais vraiment défrayé la chronique, si ce n'est pour quelques conflits syndicaux au sein de Bellota, le plus grand employeur local. Mercredi, pourtant, cette localité de 9 200 âmes a enfin fait parler d'elle. Ce jour-là, à 5 heures du matin, une poignée de jeunes indépendantistes radicaux cassent la vitre d'un bar, entrent par effraction, amassent chaises et tables, et y jettent des cocktails Molotov. Quoi d'extraordinaire, au juste, à cet incendie? Il n'y a pas eu de victimes et, à Legazpi, à Zumarraga, à Getxo ou ailleurs, ce type d'agression est monnaie courante. On appelle cela la kale borroka (la lutte de rue), dont les victimes sont toujours des militants non nationalistes, des conseillers municipaux du Parti populaire (PP, au pouvoir central) ou du Parti socialiste, lesquels, aux yeux des séparatistes radicaux, sont les traditionnels «ennemis du Pays basque».
Symbole fort. Mais, cette fois-ci, la cible a été le batzoki du PNV, c'est-à-dire ce qui fait office de bar et de siège du Parti nationaliste basque, les nationalistes modérés qui dirigent le Pays basque depuis deux décennies. Si l'on excepte quelques incidents mineurs, c'est la première fois