A la demande du gouvernement sierra-léonais, le conseil de sécurité des Nations unies a voté hier, à l'unanimité, la création d'un tribunal spécial international pour juger les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, en guerre civile depuis dix ans.
«Crimes très graves.» Parrainée par les Etats-Unis, la résolution ne cite pas nommément le Front révolutionnaire uni (RUF), dont le leader, Foday Sankoh, a été arrêté le 17 mai et se trouve, depuis, maintenu en détention secrète par les autorités de Freetown. Le texte vise des «crimes très graves commis sur le territoire de la Sierra Leone contre le peuple sierra-léonais, les Nations unies et son personnel». Ce qui fait du RUF, qui a pris ce printemps en otage un demi-millier de Casques bleus de l'ONU, le principal accusé, mais pas le seul. Les anciens rebelles de Johnny Paul Koroma, aujourd'hui ralliés au gouvernement, pourraient également être poursuivis pour avoir mutilé des civils, du temps qu'ils «combattaient» aux côtés des partisans du RUF. De même, la milice progouvernementale des Kamajors, voire la force ouest-africaine d'interposition (Ecomog) se sont aussi rendues coupables de crimes de guerre dans le passé...
Trente jours. Pour l'instant, le statut et l'organisation de cette nouvelle instance ad hoc de justice internationale restent flous. Selon des sources diplomatiques, «pour des raisons de coût», il n'est pas prévu de mettre sur pied un tribunal à l'instar de ceux