Los Angeles envoyés spéciaux
En 1992, les gens de Leimert Park, au coeur de South Central Los Angeles, avaient regardé leur quartier brûler: le ghetto noir était le centre névralgique des émeutes qui ravageaient la ville. Aujourd'hui, sous une chaleur accablante, le révérend Jesse Jackson est venu saluer la renaissance de l'endroit, devant une assistance très middle class de femmes en chapeau et d'hommes en costume blanc. Le message n'a pas beaucoup changé pour celui qui, depuis trente ans, reste la voix de la communauté africaine-américaine: «On a su ramasser le coton, s'écrie-t-il. Sachons maintenant choisir notre Président et notre Congrès.»
Malaise. Orateur enflammé, Jackson est venu mobiliser ses troupes pour un «ticket» qui ne déchaîne pas l'enthousiasme au sein d'un électorat noir traditionnellement fidèle au Parti démocrate. Fin politique, le révérend Jackson ne prononcera pas une seule fois les noms d'Al Gore et de son candidat à la vice-présidence, Joseph Lieberman, pour concentrer ses attaques sur le républicain George W. Bush. «Chez les républicains, ils vous mettent des Noirs sur la scène, mais à la convention démocrate, il y aura des milliers de délégués africains-américains et hispaniques», assure-t-il. L'effort de Jackson n'est pas gratuit. Al Gore n'a jamais été réellement plébiscité par les électeurs noirs. Le malaise est apparu au grand jour quand le candidat démocrate à la Maison Blanche a choisi un juif religieux pour colistier, qui a dénoncé à plusieurs r