Peut-on faire la paix avec des criminels de guerre? Hier matin à Lusaka, au terme de dix-huit heures de négociations, le 24e sommet consacré depuis deux ans au conflit régional au Congo-Kinshasa s'est soldé par un nouvel échec. Le président congolais Laurent-Désiré Kabila ne veut pas accepter le déploiement d'une force d'interposition des Nations unies tant que le Rwanda et l'Ouganda ne retirent pas leurs «forces d'occupation», respectivement 12000 et 8000 hommes. Or, bien que le Conseil de sécurité de l'ONU les ait à nouveau sommés, le 16 juin, de quitter le Congo «sans délai», le Rwanda et l'Ouganda sont seulement prêts, l'un à reculer de 200 km, l'autre à diminuer de moitié son corps expéditionnaire. L'envoi de Casques bleus est donc plus hypothétique que jamais.
«Crimes contre l'humanité». Parmi les chefs d'Etat qui s'étaient donné rendez-vous dans la capitale zambienne, les six belligérants sont tous coupables de crimes de guerre: côté gouvernemental, Kabila et ses alliés du Zimbabwe, de l'Angola et de la Namibie; côté «rebelle», le Rwanda et l'Ouganda, pourvoyeurs de troupes et d'armes aux mouvements congolais d'insurrection, plus ou moins créés de toutes pièces par leurs soins. Le président rwandais, le général Paul Kagamé, partage avec Kabila le triste privilège d'être, par ailleurs, responsable des «crimes contre l'humanité» qualifiés comme tels par l'ONU dont furent victimes quelque 200000 fugitifs rwandais, pourchassés entre l'automne 1996 et le printemps 1997