Moscou de notre correspondante
«La remontée libre à travers le tube à torpilles, je sais ce que c'est, parce que je l'ai fait il y a des années, pendant un exercice d'entraînement. Je ne peux pas vous décrire l'horreur que cela représente. Je suis sûr que l'équipage ne pourra pas se sortir de cette opération de sauvetage inhumaine, à la fois psychologiquement et physiquement.» Depuis le lointain port de Vladivostok, sur la mer du Japon, Grigori Pasko a du mal à cacher sa tristesse. Ancien officier de marine devenu journaliste, il avait été accusé de haute trahison et emprisonné un an et demi pour avoir «livré» à une télévision japonaise des informations sur le déversement en mer du Japon de déchets radioactifs par la marine russe. «L'équipage du Koursk ne dispose de réserves d'oxygène que jusqu'à jeudi matin au plus tard, ajoute-t-il. Alors c'est simple: soit ils meurent, soit on vient à leur secours. Et, dans ce genre de situation, 70 % d'entre eux peuvent périr de panique.»
Après l'échec d'une première tentative de sauvetage, hier en début de soirée, la Russie a enfin demandé aux pays de l'Otan quelle aide ils pouvaient offrir, mais dans des termes extrêmement «flous», selon le porte-parole du Pentagone, l'amiral Craig Quigley. «L'attitude ambiguë des autorités russes vis-à-vis des propositions d'aide étrangère est purement politique, estime Grigori Pasko. Mais comment peut-on penser à la politique alors que 116 hommes sont en train de vivre un calvaire?»
Sondage. Alexandre P