Depuis des mois, le gouvernement philippin et les chancelleries de plusieurs pays, dont la France, s'affairent à négocier la libération des 17 otages encore détenus par le groupe indépendantiste musulman Abu Sayyaf sur l'île de Jolo, au sud des Philippines. C'est pourtant du colonel Mouammar Kadhafi surprenant outsider que pourrait venir la solution au casse-tête de Jolo (lire ci-contre). Pays paria depuis l'attentat contre un avion de la Pan Am à Lockerbie en 1988, la Libye tente sérieusement de rentrer dans le concert des nations depuis qu'en avril 1999, elle a extradé les deux Libyens suspectés d'avoir perpétré l'attentat. Les sanctions imposées contre Tripoli par l'ONU en 1992 avaient alors été levées. Aujourd'hui, Kadhafi attend de sa médiation une consécration diplomatique, qui pourrait se manifester, par exemple, par une invitation officielle du Guide en France en novembre, ainsi que l'affirmait hier le Canard enchaîné.
L'entregent dont la Libye a fait la démonstration dans le dossier de Jolo est pourtant ni sans raison, ni innocent. Il provient paradoxalement de l'aide militaire et financière que le régime libyen a procuré depuis les années 70 aux mouvements musulmans indépendantistes asiatiques dont il a suscité en grande partie l'essor. Aujourd'hui, la Libye tire habillement parti de ses turpitudes passées.
Armes et entraînements. Du temps où les Philippines étaient dirigées par le dictateur Ferdinand Marcos, le colonel Mouammar Kadhafi faisait déjà figure d'