Eisenhüttenstadt envoyée spéciale
Le goudron de l'allée principale colle encore aux semelles. Un peu partout, des jardiniers bichonnent leurs parterres de géraniums. Le Karcher tourne à plein pour dépoussiérer chaque mètre carré de l'usine tentaculaire et on astique déjà les casques de chantier. Aujourd'hui, Eko-Stahl va vivre son heure de gloire. Le chancelier Gerhard Schröder lui-même vient célébrer les 50 ans de la plus grande aciérie de l'est de l'Allemagne et de la ville-champignon d'Eisenhüttenstadt (1), érigée autour des hauts-fourneaux sur les décombres d'un camp de prisonniers. Depuis un demi-siècle, les barres grises de l'ancienne Stalinstadt abritent les familles des «métallos». Aujourd'hui encore, deux tiers de ses 44 000 habitants vivent de l'acier et 17,9 % sont au chômage. «Aus Stahl wird Brot», disait-on ici du temps de la RDA : «De l'acier vient le pain.» On ne le dit plus, mais ça n'a jamais été aussi vrai.
Crâne rasé. Entreprise modèle, Eko-Stahl l'a longtemps été grâce aux dizaines de milliers de rouleaux de tôle peinte sortis chaque année de ses ateliers. Depuis la flambée du débat sur l'extrême droite en Allemagne, l'ex-«Kombinat» socialiste racheté, après la réunification, par Cockerill Sambre, une filiale belge d'Usinor est également montré en exemple pour son engagement politique contre la xénophobie bien antérieur à la bruyante prise de conscience du patronat. Lorsque le 3 août Ludolf von Wartenberg, président de l'Union des industriels allemands