L'idée d'inviter le dalaï-lama, prix Nobel de la paix, au Sommet du millénaire pour la paix mondiale semblait évidente: ce pieux jamboree doit réunir un millier de personnalités religieuses du monde entier, le 28 août à New York, sous l'égide des Nations unies. Aussi, lorsque l'ONU annonça qu'il n'était pas invité dans l'enceinte onusienne, il fallut se rendre à l'évidence: le dalaï-lama avait encore une fois fait les frais des pressions des diplomates chinois. Pour Pékin, le chef du gouvernement tibétain en exil, qui vit en Inde depuis 1959 avec 100000 des siens, n'est rien d'autre que le «chef d'une clique séparatiste» dont l'objectif est, ni plus ni moins, de «rétablir le servage au Tibet».
L'intransigeance du pouvoir communiste à son égard est obsessionnelle: même les images de Tenzing Gyatso (le nom du dalaï-lama, ndlr) sont interdites au Tibet. Sur la scène internationale, toute invitation du lama, même au simple titre de «chef religieux», est l'occasion pour les diplomates chinois de se répandre en menaces de rétorsion de toutes sortes. En avril dernier, le régime chinois s'était déclaré «extrêmement indigné» par une résolution du Parlement européen appelant l'UE à condamner la politique chinoise au Tibet. Pékin avait alors appelé «un petit nombre de députés européens pourvus d'arrière-pensées à ne pas gâcher (..) les relations amicales entre la Chine et l'Europe par leurs préjugés et leur ignorance».
Le fait que le prix Nobel tibétain se soit fait snober par l'ONU n'a