Peut-on défendre Alpha Condé sans offenser la Cour de sûreté de l'Etat à Conakry ? Même les sept avocats commis d'office depuis que les défenseurs choisis par l'opposant guinéen et ses 47 coaccusés ont jeté leurs robes, outragés par «cette parodie de justice», n'y parviennent pas. «Ce procès est monté de toutes pièces, c'est une honte pour le pays», a déclaré hier l'un d'eux, Me Paul Yomba Kourouma, alors que les plaidoiries de la défense amorçaient la fin des tribulations judiciaires qui durent depuis le 12 avril. Il y a huit jours, condensant les 1 200 pages du dossier d'accusation en une vague «atteinte à l'autorité de l'Etat et à l'intégrité du territoire», le procureur a requis la réclusion à perpétuité pour Condé et 40 des ses compagnons d'infortune. La défense aura beau jeu de démontrer que ce n'est pas la conclusion logique d'une instruction fantôme, d'une procédure arbitraire et d'un débat contradictoire inexistant.
Retour sur un procès-fleuve politique : arrêté au surlendemain de la présidentielle du 14 décembre 1998, à laquelle il s'était présenté contre le chef d'Etat, le général-président Lansana Conté, Alpha Condé est d'abord détenu au secret, en garde à vue prolongée pendant des semaines, à défaut d'être inculpé. Puis, il est censé comparaître en flagrant délit pour avoir voulu franchir la frontière fermée, pour trafic de devises, «violence sur agents de la force publique» et, aussi, complot armé et sédition. Sept mois s'écoulent. En visite à Conakry, Jacques C