On l'appelle «Mad Dog», «Chien enragé», mais ce n'est pas une référence. En Irlande du Nord, dans le camp catholique républicain, comme chez les protestants loyalistes, d'autres, par le passé, ont hérité de ce surnom. A une différence près. Mad Dog, c'est l'insulte lancée à celui d'en face. Johnny Adair, lui, a hérité de ce nom au sein même de sa communauté. Haï par les catholiques, craint par nombre de ses propres amis, voilà l'homme.
Semeur de peur. Pour lui, pas de différence entre un républicain de l'IRA et un pénitent de Lourdes. Tous ennemis. Au Gardian, interrogé par un journaliste qui lui demande s'il a déjà eu un catholique dans sa voiture, il répond : «Seulement un mort.» Un autre jour, il lâche : «Tuer l'un de ces salauds est difficile la première fois, mais après, ça va tout seul.» Adair parle beaucoup. Soignant son apparence de semeur de peur. Largement tatoué, les deux seins percés, barbe de quelques jours ou crâne rasé, il promène Rebel, son berger allemand, et sa musculature soignée dans les ruelles de son quartier. Dans les bars, il cogne. La violence physique, amie familière, est son moyen de clore le débat. Problème, jamais rien ne peut lui être reproché.
La police sait qu'il appartient aux Combattants pour la liberté de l'Ulster (UFF). Dans les années 80, Adair est ainsi «brigadier» du 2e bataillon de la compagnie «C-Coy» de l'ouest de Belfast. Sous sa responsabilité, peu de républicains tombent. La cible privilégiée de l'UFF reste le catholique de hasard.