Moscou de notre correspondante
Le président russe n'est pas en colère contre les généraux mais contre la presse, comme ont pu en témoigner trois journalistes russes de la presse privée qui ont réussi à s'infiltrer mardi soir dans la salle où Vladimir Poutine recevait les familles des 118 sous-mariniers du Koursk. La presse en effet n'était pas invitée. Mais elle fut, en quelque sorte, à l'honneur. «Les journaux écrivent n'importe quoi. Il faut organiser leur travail», a lancé, selon les Novie Izvestias, un homme assis au troisième rang. Poutine n'attendait que ce signal pour se lancer dans une diatribe: «Les journaux et autres médias défendent les intérêts de leurs propriétaires. Ils ont utilisé cette tragédie pour régler leurs comptes avec le pouvoir. Les journalistes professionnels ne le cachent pas et en parlent dans leur milieu d'une façon cynique et cruelle. Ils veulent prouver au pouvoir qu'on a besoin d'eux et qu'on dépend d'eux. Pourquoi? Parce qu'on leur a montré où est leur place. Parce que ce sont eux qui ont pillé le pays, l'armée et la flotte.» Ainsi a parlé Poutine «en serrant les poings», ajoutait le quotidien. De son côté, le journal Kommersant, qui a promis de publier dans son supplément hebdomadaire mardi le sténogramme complet de la rencontre de Poutine avec les proches des marins, a souligné que les amiraux donnaient des ordres pour empêcher l'entrée des journalistes. Reprenant en substance les propos du Président, Nzavissimaïa Gazeta a mis l'accent sur la