Moscou de notre correspondant
Un calicot mal accroché entre deux arbres claque au vent. Dessus, on peut lire ces mots écrits en français dans le texte: «Club des chefs français de Moscou». C'était à la fin juin, dans le cadre du sélect mais verdoyant country-club. Les chefs français travaillant dans la capitale russe s'étaient donné rendez-vous autour de leur meilleur fournisseur en poissons pour régaler amis et clients et faire parler d'eux. Les trois camions chargés de victuailles recherchées venant du centre de Moscou avaient été arrêtés trois fois par la milice. Bref, tout était en retard, et ce diable de calicot gondolait dans le vent.
La cuisine française à Moscou est un combat quotidien, et ses cuisiniers, peu ou prou, des aventuriers souvent râleurs mais jamais blasés d'avoir choisi, souvent par hasard, d'exercer leur métier en Russie. L'idée du «club» est née entre quelques chefs copains qui avaient l'habitude de sortir ensemble, de se refiler des tuyaux. Concurrents mais d'abord solidaires, se serrant les coudes dans un environnement russe instable et plutôt rude. «On a voulu élargir le cercle», explique Frédéric Hennin, chef à l'ambassade de France, en fin de contrat, qui s'apprête à diriger les cuisines d'un restaurant moscovite. Il a été élu président de l'association lorsqu'elle a été créée en octobre dernier, regroupant la bonne vingtaine de chefs français travaillant à Moscou. «C'est aussi pour nous une façon de promouvoir la gastronomie française, et puis il f