Zamboanga envoyé spécial
Après quatre mois d'une crise des otages hors du commun, cinq personnes ont été arrachées aux griffes du groupe Abu Sayyaf, mais vingt-quatre autres, dont sept Occidentaux, restent prises au piège de la jungle de Jolo. Au soleil couchant, dimanche soir, une émotion, de quelques minutes à peine, enveloppe le minuscule aéroport militaire de Zamboanga, lorsque trois hélicoptères de l'armée philippine pointent à l'horizon et se posent sur le tarmac. Cinq ex-otages, quatre femmes et un homme, en sortent au compte-gouttes, marchant sans difficulté mais assaillis par une nuée de reporters et de représentants des pays concernés.
Soulagement. Leurs quelques mots ont tous la même résonance: le soulagement d'être libres mais l'amertume d'en laisser d'autres derrière eux. La première, Marie Moarbes, le visage fermé, un bouquet de fleurs en main, entourée par son père, lâche quelques bribes: «Je suis OK mais nous laissons des gens derrière nous et ce n'est pas fini.» Puis Sonia Wendling, cette jeune femme de haute stature, plus souriante, un brin rayonnante. «Je vais bien, je suis bien mais je laisse Stéphane, j'aurais aimé qu'il soit là», dit-elle, en pensant à son compagnon Stéphane Loisy, avant d'être écartée sans ménagement de la horde de journalistes. Dans un chaos indescriptible, entourée par des gardes de sécurité débordés, Maryse Burgot, la journaliste de France 2, a, elle aussi, déploré que ses deux camarades soient restés en arrière, «eux qui ont été d'un