A l'arraché, tard hier soir, l'accord de paix interburundais négocié par Nelson Mandela a été signé à Arusha, en Tanzanie, en présence de Bill Clinton, de plusieurs ministres européens, dont le Français Charles Josselin, et d'un aréopage de chefs d'Etat africains. Cependant, si les apparences ont ainsi été sauvées, le monde a été pris à témoin d'une réconciliation vidée de sa substance. D'une part, malgré les tractations de dernière minute qui se sont poursuivies jour et nuit pendant tout le week-end, le texte paraphé est loin de régler l'ensemble des problèmes. Il ne fixe aucune date pour un cessez-le-feu et ne précise pas les bases de la future cohabitation entre Hutus et Tutsis, du régime de transition, du rééquilibrage ethnique au sein de l'armée, les modalités de libération des prisonniers politiques et, enfin, les garanties internationales pour une paix au Burundi... D'autre part, si le président Pierre Buyoya a signé l'accord malgré ses «réserves», la moitié des partis tutsis regroupés au sein du «G10» ont refusé d'apposer leur paraphe. «Nous ne sommes pas des gens que l'on peut presser», a expliqué leur porte-parole.
Ne dissimulant pas que l'«occasion historique» pour laquelle il s'est démenée a été gâchée en grande partie, Nelson Mandela a laissé éclaté sa colère à l'ouverture, maintes fois reportée, de la cérémonie de signature. Parlant des absents, il a fulminé: «Ils ont voulu reprendre presque tout et saboter l'accord.»
Il a opposé aux «hommes d'honneur» ayant acce