Washington
de notre correspondant
Bill Clinton a tenu à passer, pour la première fois, quelques heures dans un des lieux tabous de la politique étrangère américaine: la Colombie, pays qui fournit plus de 80 % de la cocaïne circulant aux Etats-Unis. Attendu aujourd'hui à Carthagène pour une escale après son voyage africain, le président américain doit serrer quelques mains dans la rue et rencontrer en tête à tête le président Andres Pastrana. Il doit surtout signer un chèque de 1,3 milliard de dollars pour la lutte contre la drogue, une aide qui comprend 60 hélicoptères militaires et une augmentation du nombre des conseillers américains. Deux tiers de la somme sont affectés à des dépenses militaires. C'est la première fois que les Etats-Unis s'engagent aussi fortement derrière le président Pastrana, en poste depuis deux ans. Avant son arrivée, Bill Clinton s'est adressé dans un message télévisé aux Colombiens pour les assurer que «les Etats-Unis seraient à leurs côtés» dans le combat qu'ils mènent «pour la paix» et «contre la drogue».
Depuis onze ans, aucun président américain n'avait fait le voyage. Politiquement, on peut comprendre cette réserve: la guerre déclarée au début des années 90 par les Etats-Unis contre les trafiquants de drogue colombiens est un fiasco total. Comme des boules de mercure, les «cartels» de Medellin et de Cali ont, à peine détruits, été remplacés par plusieurs dizaines de groupes indépendants. Aujourd'hui, les guérilleros et les paramilitaires d'extrêm