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Libération

Tchétchène et prorusse, le grand écart du mufti

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publié le 30 août 2000 à 3h49

Tsentora-Iourt envoyée spéciale

C'est l'après-midi et il fait bon sous la véranda de cette maison de brique sur des hauteurs non loin de la frontière avec le Daguestan, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Goudermès. Assis en tailleur sur les tapis qui couvrent le béton, vingt-cinq hommes se balancent de droite à gauche, le piess («calot de prière») vissé sur la tête, les yeux à demi clos, les lèvres entrouvertes. Ils chantent des prières pour leur pays, des prières pour la fin de la guerre. Au centre, le plus âgé, barbu: c'est le père d'Akhmed Kadyrov, l'administrateur prorusse de la Tchétchénie nommé par Moscou.

Ce dernier est assis à côté de ses cousins plus âgés. Il est sombre et silencieux. Pour son anniversaire (49 ans), Kadyrov a réuni chez lui quelques membres de son teip («clan familial») et des fidèles politiques. Le plus âgé ouvre les mains, paumes tournées vers le ciel: c'est la prière finale, à la gloire d'Allah. La cérémonie terminée, des femmes s'empressent de dérouler, à même les tapis, des morceaux de toile cirée sur lesquels elles servent de l'agneau accompagné de pommes de terre brûlantes, avec la traditionnelle sauce à l'ail.

«Agents ennemis». Akhmed Kadyrov, entièrement vêtu de gris, pieds nus, regard malicieux, n'hésite pas à se faire menaçant devant les siens: «Pour le moment, mon administration ne contrôle pas grand-chose à proprement parler, avoue-t-il sans ambages. En revanche, j'ai un homme dans chaque village, ce dont Maskhadov (le président t