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Libération

Suharto, le dictateur jugé.

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L'ex-président indonésien répondra de corruption, non des massacres de son règne.
publié le 31 août 2000 à 3h52

Le général Suharto, qui a exercé un pouvoir absolu pendant trente-deux ans jusqu'à sa démission forcée en mai 1998, doit être jugé aujourd'hui. Agé de 79 ans, l'ancien chef d'Etat indonésien doit comparaître devant un tribunal de Djakarta pour détournement de fonds publics à hauteur de 571 millions de dollars (plus de 4 milliards de francs), via les nombreuses «yayasan» (fondations caritatives) qu'il gérait avec sa famille et ses amis. L'audience se déroulera dans un bâtiment choisi pour permettre une évacuation rapide de l'ancien président par hélicoptère en cas de violences.

Pour les 210 millions d'Indonésiens, un tel procès était inconcevable voilà encore un an. Suharto, que les Indonésiens appelaient «Bapak» (papa), a longtemps incarné l'idée même de l'Etat indonésien, au point que son effigie figurait sur les billets de banque (les grosses coupures uniquement). Ce procès paraissait d'autant plus improbable qu'au moment de la démission de Suharto, le général Wiranto, chef d'état-major de l'armée, avait juré de le «protéger», lui et sa famille. Wiranto a depuis été écarté du pouvoir, et devrait être à son tour bientôt jugé avec une trentaine d'autres officiers de haut rang pour avoir déclenché la campagne de terreur menée l'an dernier par l'armée au Timor-Oriental. Car c'était sans compter sur la volonté du gouvernement du président Abdurrahman Wahid, le premier à être issu d'un scrutin démocratique, et la pugnacité du procureur général Marzuki Darusman, sans lequel un tel