Menu
Libération

Bouaké, carrefour des différences et des attentes ivoiriennes

Article réservé aux abonnés
La ville craint d'autres émeutes avant les élections.
publié le 1er septembre 2000 à 3h55

Bouaké envoyée spéciale

A Bouaké, le kaki n'est plus à la mode. Dans les rues de la deuxième ville de Côte-d'Ivoire, l'uniforme se porte bleu (gendarme) ou beige (policier). Les militaires préfèrent, quant à eux, la discrétion d'une tenue civile. Les pillages du 4 juillet sont encore frais dans les mémoires. En quelques heures, banques, magasins et même le Trésor public ont été dévalisés. Les plus petits ont été ruinés. De nombreux commerçants étrangers ont plié bagage. Au centre-ville, les rideaux de fer baissés témoignent de la furie soldatesque. «Après leur passage, il ne restait pas une aiguille ! Ils disaient que ceux d'Abidjan s'étaient servis lors du coup d'Etat du 24 décembre et que, cette fois, c'était leur tour», raconte un commerçant qui n'a laissé dans sa boutique rouverte que quelques échantillons, au cas où. Car, depuis la tornade de juillet, les quelque 750 000 habitants redoutent la prochaine tempête.

En prévision de l'élection présidentielle de la mi-octobre, les plus fortunés stockent les sacs de riz. Les commerçants ont l'intention de baisser les rideaux pendant quelques semaines. Dès à présent, tout le monde attend la décision de la Cour suprême, qui doit statuer définitivement sur l'éligibilité des candidats. Et régler, enfin, la question qui lancine la vie politique ivoirienne : l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara est-il autorisé à concourir ? A Bouaké, les avis sont partagés.

Diversité. «Capitale des Baoulés», ce peuple politiquement et géographiq