Bangkok de notre correspondant
L'image d'Aung San Suu Kyi assise obstinément à l'avant de sa petite Toyota blanche aux pneus dégonflés, bloquée dans un chemin boueux par deux camions est symbolique de la persévérance de la prix Nobel de la paix 1991. Mais elle illustre aussi la façon dont la junte au pouvoir à Rangoon a réussi à isoler presque complètement la dirigeante de l'opposition prodémocratique. Depuis la levée de son assignation à résidence en juillet 1995, Aung San Suu Kyi n'a pu se déplacer que dans un périmètre de quelques kilomètres carrés. Soumise à une surveillance permanente, ses contacts avec la population sont limités. A cinq reprises, elle a tenté de visiter les membres de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), dans les provinces. A chaque fois, la police l'a forcée à rebrousser chemin. Partie de nouveau jeudi 24 août pour rencontrer les membres du mouvement de la jeunesse de son parti dans la ville de Kawhmu au sud de Rangoon, Aung San Suu Kyi et douze de ses collègues parmi lesquels Tin U, vice-président de la LND, ont été stoppés de nouveau par la police à une trentaine de kilomètres de la capitale. Le face-à-face est entré vendredi dans sa deuxième semaine et paraît devoir durer: ravitaillée en médicaments et en nourriture par les jeunes de son parti Aung San Suu Kyi s'est visiblement préparée pour un long siège.
Militants séquestrés. La décision prise par la direction du LND en août 1998 de créer un «comité représentatif parlementaire»,