Menu
Libération

Israël: la colère des ultras du Shas.

Article réservé aux abonnés
Ils protestent contre l'incarcération de leur chef pour corruption .
publié le 4 septembre 2000 à 3h59

Ramleh envoyée spéciale

«Uzakaï!... Uzakaï!...(il est innocent!)», clame sur la tribune un chanteur de rock ultra-orthodoxe tandis que, dans la foule, les religieux se déhanchent au rythme de la guitare sèche. Ils étaient plus de 10 000 militants du parti Shas (ultra-orthodoxe séfarade) à guetter hier leur chef adulé, Arieh Deri, devant les portes de la prison Ayalon de Ramleh (à l'est de Tel-Aviv), où celui-ci était attendu à midi afin de purger une peine de trois ans pour corruption. Bloqué dans les embouteillages, le condamné est arrivé deux heures de retard.

Pour les militants en colère, ce n'est pas seulement Arieh Deri que les autorités israéliennes ont jeté hier en prison, mais surtout «le judaïsme séfarade». De quoi justifier a posteriori l'existence d'un parti bâti sur le thème même de la discrimination. Le Shas doit en effet son succès au ras-le-bol de l'emprise des ashkénazes sur la vie politique du pays et au creusement de l'écart entre riches et pauvres qui cantonne les séfarades dans les villes pauvres du Sud (lire ci-contre) tandis que les ashkénazes s'adonnent, plus au nord, aux joies et aux milliards de la high-tech. Ce n'est pas un hasard si certains, hier, arboraient des étoiles jaunes sur leur flanc et si le nom de l'ex-président d'Israël était sur la plupart des pancartes. Accusé lui aussi de corruption, Ezer Weizmann, qui incarne l'establishment ashkénaze, a été contraint de démissionner il y a plus d'un mois. Mais il reste libre. Ce sentiment de discrimi