Evian envoyé spécial
Les chefs de la diplomatie des Quinze ont sifflé la fin de la récréation: l'avenir de l'Europe, c'est bien beau, mais on verra plus tard. Voire jamais.
Réunis ce week-end à Evian pour un Conseil informel (sans cravate et sans ordre du jour contraignant), les ministres des Affaires étrangères ont fait leur l'opinion du Britannique Robin Cook qui a dit tout le bien qu'il pensait des propositions Fischer-Chirac du printemps dernier sur la rédaction d'une Constitution européenne, la fondation d'un «groupe pionnier» ou la création d'une Fédération: «Je suis extrêmement prudent, voire réticent.» Et d'ajouter, sous l'oeil approbateur de ses pairs: «Aucun Etat membre ne se satisferait de se retrouver, d'ici à quelques années, dans la position du Texas, du Massachusetts ou de la Californie.»
«Méthode Monnet». L'Espagnol Josep Piqué a donc rappelé l'ordre des priorités: «Parachever l'union économique avant de fonder une fédération politique.» Le Luxembourg, les Pays-Bas, la Grèce, le Portugal ou encore le Danemark ont proclamé leur attachement à la «méthode Monnet», celle des petits pas, bien préférable à celle de la révolution copernicienne proposée par Joschka Fischer, le chef de la diplomatie allemande. Il n'y a guère que la Belgique et l'Italie qui ont volé au secours de ce dernier.
Manifestement, Hubert Védrine, président en exercice du Conseil, n'était pas mécontent de voir ainsi sombrer le débat sur l'avenir de l'Europe. Il juge, en effet, qu'il risque de paras