Menu
Libération

Planteur ivoirien cherche jeune esclave

Article réservé aux abonnés
Impuni et croissant, le trafic d'enfants issus des pays les plus pauvres d'Afrique s'appuie sur les mentalités.
publié le 5 septembre 2000 à 4h02

Bénin-Côte-d'Ivoire envoyée spéciale

Sous le soleil blanc, les manguiers sont rongés de poussière rouge. A une dizaine de kilomètres, c'est Ouidah, ville de l'Est béninois, son goudron, sa civilisation. Ici, à Savi, les maisons de terre sèche craquellent sous leurs toits de tôle rouillée. Pas d'électricité. Pour l'eau, il y a le puits. La première femme croisée montre son fils: renvoyé de l'école parce qu'il lui manquait 3 francs pour payer (la scolarité coûte 13 francs). Le chef fait chercher Matthias, qui peut avoir 13 ans, et son frère Aubain, qui en annonce 18. Tous deux ont travaillé trois ans dans des plantations en Côte-d'Ivoire. Le cadet en a rapporté 600 francs et s'est fait attraper avec une quinzaine de petits du village alors qu'il tentait d'y repartir. L'aîné a gagné 1 100 francs pour ses trois années de labeur et ne veut plus entendre parler de cueillir le cacao ivoirien.

Matthias, lui, voulait repartir «travailler comme maçon», comme lui avait promis cette fois le recruteur, un fils du pays installé en Côte-d'Ivoire où, contre monnaie sonnante et trébuchante, il approvisionne les planteurs en main-d'oeuvre docile et quasi gratuite. «Dommage qu'on m'a pris à la frontière. Quand je suis parti la première fois, on était une dizaine, on nous a emmenés dans le centre du pays. Le matin, on part aux champs vers 5 heures, on travaille jusqu'à 17 heures, après, il faut aller puiser l'eau, avec on fait des briques en terre, on prépare à manger et puis on se repose. J'étai