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Libération

Etats-Unis: la discrimination raciale entre en campagne

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La classe moyenne noire dénonce les contrôles au faciès.
publié le 6 septembre 2000 à 4h03

Washington

de notre correspondant

Nicole, une infirmière de 23 ans, a fait le calcul. Elle se fait arrêter «deux fois par mois en moyenne». «Ils me choisissent pour trois raisons : je suis jeune, je suis noire, et j'ai une jolie voiture. Pour les flics, une jolie voiture conduite par un Noir, c'est une voiture de dealer. Non seulement ils m'arrêtent, mais ils me font peur et trouvent parfois un moyen de me mettre une amende.» Nicole a fini par écrire sur un panneau en grosses lettres : «Oui, je suis noire. Oui, je conduis une Benz. Mais il se trouve que je travaille. Non au délit de faciès !» Elle n'a pas osé le coller sur une vitre de sa voiture, de peur d'être encore plus «harcelée».

Comme elle, de nombreux Noirs, notamment ceux des classes moyennes, ne supportent plus les tracasseries qu'ils subissent quotidiennement, sur les routes ou dans les aéroports, du fait de leur couleur de peau. Le racial profiling («sélection raciale») est un thème qui monte et que les organisations antiracistes aimeraient bien imposer dans le débat électoral.

Présupposé. Depuis quelques années, au nom de la «guerre contre la drogue», la police a multiplié les contrôles, dont les Noirs subissent les effets concrets. Une étude, dans le New Jersey, montre qu'ils sont arrêtés cinq fois plus souvent que les Blancs. Une autre, sur l'autoroute 95 qui traverse le Maryland, relève que s'ils représentent 17 % des automobilistes, ce sont eux que l'on contrôle dans 56 % des cas ! La police se défend en constat