Le journaliste tunisien Taoufik Ben Brick préfère, dit-il, les chutes aux ascensions. Lorsqu'il est arrivé en France, il y a quatre mois, en pleine grève de la faim contre le régime du président Ben Ali, il fut accueilli en héros. A travers lui, pour la première fois, la Tunisie devenait plus célèbre pour ses prisons que pour ses plages. Taoufik Ben Brick, qui réclamait la libération de son frère et le rétablissement de ses droits (comme son passeport) a gagné. Mais rarement vainqueur a provoqué autant de gêne, paradoxalement auprès de ses plus ardents défenseurs. «Ils m'ont pris pour un toutou. Je suis un malappris», dit-il. Hier, juste avant de repartir pour la Tunisie, avec pour garde du corps Daniel Cohn-Bendit (Vert) ou Robert Ménard (Reporters sans frontière), il raconte les tribulations d'un emmerdeur à Paris.
Comment s'est passée votre grève de la faim?
Lorsque je suis arrivé en France, beaucoup d'organisations politiques ou de droits de l'homme m'avaient catalogué «opposant-à-Ben-Ali», il fallait que je sois un «porte-parole». C'était Spartacus ou rien. Devant la porte de ma chambre à l'hôpital de la Salpêtrière, à Paris, des journalistes, Danielle Mitterrand, des chefs islamistes venus de Londres ou des hommes d'affaires avec des valises d'argent formaient une inépuisable file d'attente. Chacun venait réclamer ma bénédiction, comme un rituel. Appuyé sur mes oreillers, je disais aux visiteurs d'un ton boudeur: je veux ça. Et mes voeux étaient exaucés. J'étais le proph