Bujumbura envoyé spécial
Il n'a pas d'argent pour cimenter les parpaings des murs, ni pour remplacer les segments de la moto qui pourrit dans l'entrée, car toute sa fortune, l'équivalent de 3 000 francs français, Dismas Ntahonzigamiye l'a dépensée en une fois: pour acheter 80 tôles galvanisées. A Bujumbura, dans l'archipel des quartiers qui entourent le centre-ville, la tôle est un trésor, «la première chose qu'on vous pille et la première qu'on doit trouver pour reconstruire». Dismas Ntahonzigamiye a commis l'impensable. Lui, le Hutu «épuré» de son quartier de Cibitoke en 1995 par des miliciens tutsis, a osé rentrer chez lui. Après cinq ans de relégation dans un quartier périphérique abandonné aux Hutus, las de vivre «dans la maison d'un autre», et constatant «que le rythme des tueries va maintenant à petit feu», il a décidé de revenir.
Cycle de violence. Il y a peu, il aurait risqué d'être tué, Cibitoke étant devenu au fil de la guerre civile un bastion tutsi interdit. Comme partout au Burundi, l'embrasement y est venu en 1993, lorsque l'assassinat du président hutu par l'armée a déclenché le massacre des Tutsis par les Hutus, stoppé par l'armée tutsie et ses contre-massacres de Hutus. Le cycle des violences s'est alors enclenché, orchestré d'un côté par des bandes de jeunes Tutsis, constitués en milices et soutenus par l'armée, de l'autre par la rébellion hutue qui opère aux abords de la capitale.
Puis, il y a deux ans, la lente décrue des violences a commencé, même si la ré