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Libération

Grozny, la survie d'une ville fantome

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L'armée russe peine à contrôler la capitale tchétchène.
publié le 12 septembre 2000 à 4h14

Assassinat d'un responsable prorusse, attaques meurtrières contre les forces fédérales: hier encore, les indépendantistes tchétchènes ont harcelé l'armée russe. Moins d'un an après son offensive, Moscou est loin d'avoir éradiqué les boïvikis, et Grozny est toujours en guerre.

Grozny envoyée spéciale

Sous le soleil brûlant, les décombres, masses informes de béton entassées rue après rue, presque rangées. Dans la capitale tchétchène ravagée par cette seconde guerre, il n'y a plus rien de «civilisé», comme disent les Russes. «On en a plus qu'assez de rester ici à jouer au gendarme et au voleur, mais il faut bien que je nourrisse ma femme et qu'on achète un appartement», se lamente Sacha Tchebsinov, officier des troupes du ministère russe de l'Intérieur chargées du maintien de l'ordre à Grozny.

Natif de Volgograd, Sacha, 35 ans, s'est porté volontaire pour «servir» en Tchétchénie uniquement pour gagner de l'argent. Sa solde mensuelle est de 3 500 roubles (875 F). S'y ajoutent 55 roubles par jour (14 F) dès qu'il se trouve en Tchétchénie et 1 000 roubles par jour (250 F) comme contribution à l'«opération antiterroriste», qu'il est censé recevoir dès qu'il rejoint sa base sur la Volga. «Mais ces 1 000 roubles, je n'en ai pas encore vu la couleur depuis le début de l'année, grogne-t-il, en revanche, pour 1999, on a été payé.» La ronde quotidienne qu'il effectue avec ses hommes en BTR (véhicule blindé, ndlr) est toujours la même. Un arrêt au marché central, le tour de la ville, un croc