Bethléem, Hébron
envoyée spéciale
Dans les camps de réfugiés palestiniens de Cisjordanie, la paix a perdu tout attrait. Elle serait même synonyme d'échec. «Ce n'est pas la paix qui va me faire rentrer chez moi (dans l'actuel Israël, ndlr)», marmonne Younès, 19 ans, dans la rue principale d'El Fawar, le camp le plus «dur» d'Hébron, celui d'où, il y a trois ans, deux jeunes partirent pour Tel-Aviv et Jérusalem commettre des attaques-suicides. «Arafat fait de plus en plus de concessions, son Etat palestinien ne changera rien à mon statut de réfugié. Moi, je crois dans la libération de ma terre, dans la lutte armée, dans le Djihad (la guerre sainte, ndlr).» Si le report, annoncé dimanche, de la déclaration d'indépendance de l'Etat palestinien initialement prévue pour aujourd'hui n'a provoqué aucun remous dans les rues des territoires occupés, c'est que, depuis longtemps, les Palestiniens et surtout les réfugiés avaient cessé de trouver le moindre intérêt à l'événement.
Critiques. Et aussi parce que l'Autorité palestinienne verrouille tout. Il est loin, le temps de l'Intifada où les jeunes pouvaient exprimer leur impatience et leur désespoir avec des pierres. «Maintenant, tu jettes le moindre caillou en l'air, l'autorité palestinienne t'envoie en prison», explique un jeune d'Hébron. Pour organiser la plus petite manifestation, il faut demander un permis, et celui-ci est difficile à obtenir. Et gare à celui qui se risque à critiquer publiquement la politique palestinienne, il