Moscou de notre correspondante
La publication d'une doctrine russe sur la sécurité de l'information, paraphée samedi par Vladimir Poutine, suscite une vague d'inquiétude parmi les défenseurs de la liberté de la presse en Russie. Diffusé sur l'Internet, le document d'une quarantaine de pages, élaboré par le Conseil de sécurité, une institution regroupant autour du Président les représentants du gouvernement, du Parlement, du Conseil de la fédération et des ministères de force (Intérieur, Défense), est à première vue un texte libéral qui garantit la liberté d'expression et rejette la censure. Mais la doctrine, élaborée par un ancien général du KGB, prône le renforcement des médias d'Etat et la lutte contre la désinformation ou encore la redéfinition du statut des médias et des correspondants étrangers.
«Cette doctrine n'a pas valeur de loi et c'est ce qui fait le plus peur, souligne Oleg Panfilov, président de la Fondation de défense des journalistes. Il s'agit d'une déclaration d'intention qui montre que le pouvoir veut faire renaître une machine de propagande.» Panfilov estime que l'allusion aux médias étrangers vise d'abord les radios étrangères en russe, comme Radio Svoboda, filiale russe de Radio Liberty, ou l'émission en russe de la BBC, diffusées sur la bande FM. «Le problème de cette doctrine, qui a reçu un nom menaçant, souligne Andreï Babitski, le journaliste vedette de Radio Svoboda capturé et échangé l'an dernier en Tchétchénie, est qu'elle ne correspond pas du tout