Vienne de notre correspondant

Alors que l'Autriche savoure encore son retour dans le giron européen, une poignée d'irréductibles continue d'exprimer son désaccord avec la coalition au pouvoir à Vienne. Jeudi soir, ils étaient entre 1 500 et 2 000 ­ des jeunes «alternatifs», des retraités, des intellectuels, des parents avec bébé... ­ à manifester dans les rues de la capitale, une longue promenade nocturne solidement encadrée par d'importantes forces

de police. Depuis trente-deux semaines que le chancelier conservateur Wolfgang Schüssel est arrivé au pouvoir grâce à son alliance avec l'extrême droite de Jörg Haider, ce rendez-vous se répète tous les jeudis.

«A vous de vous battre». «Wir gehen bis sie gehen!» («Nous marcherons jusqu'à ce qu'ils partent»): bien que les quatorze partenaires européens de Vienne aient fini mardi dernier par lever les sanctions politiques bilatérales contre l'Autriche (lire Libération de mercredi), les manifestants paraissent ce soir-là plus déterminés que jamais. «Certes, la façon dont l'Europe s'est dégonflée ne nous facilite pas la tâche. Mais ce n'est pas parce que les sanctions sont levées que nous allons nous démobiliser», lance Alexandra, étudiante en informatique.

La philosophe et journaliste Isolde Charim veut «interpréter la fin des sanctions comme un signal de l'UE nous disant: maintenant, c'est à vous de vous battre». Sa voisine, vieille dame à la belle chevelure blanche, renchérit: «Ce gouvernement est toujours aussi scandaleux. Nos manife