Rome de notre correspondant
«Soit l'Europe redevient chrétienne, soit l'islam gagnera.» Fort de cette conviction, le cardinal et archevêque de Bologne, Giacomo Biffi, vient bruyamment d'intervenir dans le débat sur l'immigration qui agite l'Italie depuis plusieurs mois.
Musulmans à part. Dans une note pastorale, le prélat souhaite que Rome privilégie l'entrée des étrangers catholiques. «Les critères pour admettre les immigrés ne peuvent être uniquement économiques», écrit Mgr Biffi, qui réclame «que l'on se préoccupe sérieusement de sauver l'identité de la nation». Or, selon lui, «s'il est vrai que le catholicisme n'est plus la religion officielle de l'Etat, il n'en demeure pas moins la religion historique de la nation». Dans ce contexte, argumente l'archevêque, «le cas des musulmans doit être traité avec une attention particulière» car «ils ont une forme d'alimentation différente, un autre jour de fête, un droit de la famille incompatible avec le nôtre, une conception de la femme très différente de la nôtre (au point d'admettre la polygamie)» et surtout «une vision rigoureusement intégriste de la vie publique». En conclusion, le cardinal recommande de favoriser l'entrée de catholiques comme «les Latino-Américains, les Philippins ou les Erythréens».
Connu pour ses positions conservatrices au point d'avoir interdit aux curés de son diocèse de prêter des locaux, pour des rencontres religieuses, à des immigrés non catholiques, Biffi n'est cependant pas isolé au sein de l'Eglise. C