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Libération
Portrait

Joseph Estrada, un «cow-boy» à la gâchette facile

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Ex-acteur de série B, le président philippin n'a pas une réputation de diplomate.
publié le 18 septembre 2000 à 4h26

Les films populaires philippins, dont les affiches dégoulinantes d'hémoglobine plastronnent sur les murs de Manille, déclinent très souvent le même scénario. Pendant les quatre cinquièmes du film, le héros subit sans broncher camouflets, coups et humiliations. Puis, juste avant la fin, pour laver tous ces affronts longtemps ravalés, le héros mortifié par l'échec déchaîne une colère rédemptrice, déclenchant un déluge de feu et de sang, en général à coups de mitrailleuse. Une bonne partie des 80 longs-métrages dans lesquels Joseph Estrada a joué avant d'être élu président des Philippines, en mai 1998, suivent ce type d'intrigue. Joseph Estrada, que tous les Philippins connaissent sous le surnom «Erap» ­ qui signifie «pote» ou «copain» en langue tagalog verlan­ , a joué pendant plus de vingt ans les rôles de justicier.

Intervention prévisible. Il fut élu à la tête de l'Etat après avoir fait campagne sur le thème de la lutte contre la criminalité et, au lendemain de sa victoire, il déclara, mi-sérieux mi-goguenard: «Ce sera le plus beau rôle de ma vie.» En un certain sens, donc, l'intervention militaire d'envergure déclenchée par Erap contre les guérilleros d'Abu Sayyaf avait un côté presque prévisible. Estrada, toujours au lendemain de son élection, glosa sur les raisons qui avaient, selon lui, rendu possible sa victoire. «Au cinéma, disait-il, j'ai toujours pris les rôles du pauvre et de l'opprimé contre les riches, les officiels corrompus et les députés ripoux. J'ai joué des r